HOMELIE, MESSE DU DIMANCHE 19 FEVRIER 2023

7ème dimanche du temps ordinaire

 

VOULEZ-VOUS DEVENIR SAINT ?
Aimez vos ennemis ! Si quelqu’un a aimé ses ennemis, c’est bien le Christ ! « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Jésus l’a dit. Et il l’a fait. Sur la croix ! Alors que nous étions encore pécheurs, que nous étions ses ennemis, il a délibérément donné sa vie pour nous. « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne ! » Tel est l’amour de Dieu pour nous, de Dieu qui s’est fait homme, en Jésus Christ. L’église, c’est le Christ répandu et communiqué, disait Bossuet, c’est donc en elle et dans ses sacrements qu’il nous est donné d’expérimenter l’amour éternel de Dieu pour nous. L’Imitation de Jésus-Christ, livre de chevet de Ste Thérèse, met ces paroles dans la bouche de Jésus : « Je n’ai recueilli sur la terre, pour mes bienfaits, que de l’ingratitude ; pour mes miracles, que des blasphèmes ; pour ma doctrine, que des censures. »
Quelle est cette doctrine ? « Moi, je suis l’Eternel, ton Dieu et je suis saint. Crois-tu que je suis comme toi ? » Ben non ! Moi, homme, je ne suis ni saint ni éternel. Or, nous venons de l’entendre : « Soyez saints, car moi, je suis Saint ». Pourquoi Dieu, qui n’est pas comme nous, veut-il que nous soyons saints comme lui ? Et comment faire ? Nos capacités étant limitées, c’est Dieu qui a pris l’initiative de se faire homme, comme nous, pour que nous devenions saints, comme lui ! « Aimez-vous les uns les autres comme je vous aimés ». Le Christ ne nous demande pas l’impossible. Il nous appelle à vivre, ce qu’il a lui-même vécu dans notre condition d’homme, à l’exception du péché. Alors, « voulez-vous devenir disciples du Christ ? ». C’est la question d’une catéchiste à un groupe d’enfants qui préparent leur première communion. L’un d’eux répond : « ça veut dire qu’il faut aimer ses ennemis ? » Oui… « non je ne veux pas ! ». Un autre enchaîne « moi non plus », puis un autre… vous voyez la scène…
Nous sommes comme les enfants du caté, nous avons peur, comme Adam devant Dieu après le péché originel : « j’ai eu peur et je me suis caché ». Nous avons peur, comme Simon Pierre devant Jésus : « éloigne-toi de moi, Seigneur, parce que je suis pécheur ». Nous sommes tristes aussi, comme le jeune homme riche de l’évangile. Il demande à Jésus ce qu’il doit faire pour obtenir la vie éternelle. Observer les commandements ! Il l’a fait, mais ça ne suffit pas… « Si tu veux être parfait, lui dit alors Jésus, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ! » On a envie de dire : « tu pousses le bouchon un peu trop loin, Jésus »… Or, Jésus ajoute : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Jésus ne demande pas seulement de renoncer à ce que l’on a, des richesses, mais encore à ce que l’on est ! Pourquoi ? Parce qu’il veut nous faire passer du vieil homme, avec sa tristesse et ses péchés, à l’homme nouveau, tout joyeux d’en être débarrassé, pour aimer, en actes et en vérité. Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même, dit sainte Thérèse. C’est le coeur du sacrement de mariage : « je te reçois comme époux/épouse et je me donne à toi. » Se donner, c’est une chose. Se renoncer pour se donner, c’est une autre paire de manches. C’est peut-être ça le ressort de l’amour véritable ? Le Christ a renoncé à sa condition divine, pour prendre la condition de serviteur. Et nous ? A quoi avons-nous renoncé pour aimer… notre conjoint, nos enfants, nos parents, les autres en général et… nous-mêmes en particulier ? A quoi pouvons-nous encore renoncer ? Devons-nous renoncer… par amour ?
« Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux . Si vous aimez ceux qui vous aiment, les publicains et les païens n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Dieu est le Créateur et le Père de tous les hommes, des bons et des méchants, des justes et des injustes. Dans l’église et hors de l’église. Vivre en enfants de Dieu, c’est convertir notre peur de Dieu, liée au péché, en esprit de confiance filiale en Dieu le Père – notre Père – qui aime chacun de nous de toute éternité. Le péché fausse notre boussole intérieure. Elle ne nous indique plus Dieu comme orientation fondamentale de notre vie, mais la détourne vers des ersatz, des paradis artificiels qui ne nous rendent pas heureux. Et il n’y a pas que la drogue ! « Tu nous as fait pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi », dit St Augustin. Le transhumanisme ou la transition de genre ne sont que des tentations, vaines et illusoires ! La seule transition qui vaille c’est celle qu’opère Jésus Christ, qui transforme réellement nos pauvres corps pour les conformer à son corps de gloire. Ceci est mon corps livré pour vous ! Quand nous recevons le corps du Christ, dans la foi, nous devenons réellement ce que nous recevons, et nous pouvons dire avec saint Paul : « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Pour sainte Thérèse, « la perfection consiste à faire la volonté de Dieu, à être ce qu’Il veut que nous soyons ». Dieu veut que nous soyons saints. Lui seul est saint et c’est à tous les hommes qu’il veut communiquer sa sainteté. Sans exception ! C’est l’enseignement du Concile : l’appel universel à la sainteté ! Pour les laïcs, « leur vocation propre consiste à chercher le règne de Dieu à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu, dans les conditions ordinaires de la vie familiale et sociale. C’est à cette place qu’ils sont appelés par Dieu pour travailler comme du dedans à la sanctification du monde, avant tout par le témoignage de leur vie. » Alors, malgré nos faiblesses et nos imperfections, malgré le péché qui nous entrave, nous serons saints dans la mesure où nous coopérerons, dans la foi, à la grâce de Dieu qui agit en nous et avec nous.
« Connus ou inconnus, dit Benoît XVI, les saints sont le sillon lumineux de Dieu, que Lui-même, au long de l’histoire, a tracé et trace encore. Ils sont les vrais réformateurs. C’est seulement des saints, c’est seulement de Dieu que vient la véritable révolution, le changement décisif du monde. » Laissons le dernier mot à saint Jean-Paul II : « N’ayez pas peur d’être les saints du nouveau millénaire! Soyez contemplatifs et aimant la prière, cohérents avec votre foi et généreux au service de vos frères, membres actifs de l’Église et artisans de paix. Pour réaliser ce projet de vie engageant, restez à l’écoute de la Parole de Dieu, prenez des forces dans les Sacrements, spécialement l’Eucharistie et la Pénitence. Le Seigneur vous veut apôtres intrépides de son Évangile et constructeurs d’une nouvelle humanité. » Si le jeune homme riche est parti tout triste, c’est sans doute qu’au fond, dans la vie, il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints.

Christian Ratrema, Diacre

Lv 19, 1-2.17-18 ; Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 8.10, 12-13 ; 1 Co 3, 16-23 ; Mt 5, 38-48

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